Les 10 commandements du vrai bruncheur
Un décor simple suffit.
Le vrai bruncheur :
1) ne brunche qu'en compagnie d'un autre vrai bruncheur, en aucun cas d'une personnalité de type picoreuse sans intérêt ("Oh la la, mais j'ai déjà mangé un morceau de pain et une tomate cerise, j'ai plus faim là, bon, allez, je me fais plaisir, j'ai vu qu'il restait de l'ananas), de type régimeuse (Je prendrai juste un thé et un oeuf dur, comme ça je ne mangerai pas ce soir) ou de type scandalisée perpétuelle (Mais tu vas pas manger tout ça! Mais c'est dingue ce que c'est cher! Mais ya un de ces gâchis!)
2) mange dans un ordre immuable petit-déjeuner-partie salée-dessert et poursuit dans un ordre aléatoire (oui, parce que le vrai bruncheur continue à manger après le dessert, repioche dans ce qu'il a préféré, voire refait un tour complet, "ah bon, j'ai déjà brunché?")
3) est toujours au comble de la félicité d'aller bruncher (avec un vrai bruncheur, sinon il sera obligé de faire semblant de peu manger et sera dégoûté de ne pas pouvoir en profiter, "Non merci, je n'ai pas très faim le midi, surtout quand je n'ai rien pris depuis 16h la veille")
4) considère avec attention le décor, l'ambiance, la clientèle, mais surtout pour son blog, parce qu'il s'en fout finalement, l'essentiel étant ya quoi au buffet, ou t'as vu des des assiettes passer, yavait quoi
5) boycotte les entubages du type pas de partie petit-déjeuner (il faut des viennoiseries ou des scones, et pas que), ou du type "en dessert, nous vous proposons un fromage blanc ou une salade de fruits" (on réclame pas des pâtisseries de Michalak, mais au minimum un assortiment exhaustif de tout ce qui peut exister comme desserts, on sait jamais de quoi on aura envie sur le moment, c'est vrai quoi)
6) ne tient particulièrement pas compte des données caloriques qui, ce jour-là, ne sont pas cumulatives
7) ne voit pas en quoi un prix très élevé peut perturber sa motivation "800 euros? Bah, ça dépend si c'est bon ou pas"
8) méprise ceux qui méprisent les bruncheurs (C'est snob de bruncher? Pas plus que de manger une pizza chez Pizza Pizzo. Ou si, peut-être)
9) s'énerve grave mais avec classe quand il paie très cher et qu'on se fout de sa gueule : boissons en sus, pas de jus de fruits pressés, confiture Bonne-Maman, pain dégueu, thé Lipton, vaisselle sale, attente à l'accueil (on a faim, putain), service hautain ou inefficace, verre d'eau forcément sous forme de bouteille d'Evian hors de prix, trucs industriels achetables au premier Leclerc venu (j'allais mettre monop, après on va dire que je suis snob) (des Miel Pops, je peux me les faire moi-même, merci), trucs froids alors que putain t'as envie de manger du pain perdu froid ou des gaufres froides, toi), produits de qualité moyenne et autres inattentions condamnables (des sushis sans sauce? des plats qui ne viennent pas d'être réapprovisonnés à chaque fois que j'arrive?)
10) préfère les buffets, même s'il peut à l'occasion se satisfaire d'un service à table (si c'est vraiment très très bon, et copieux, parce que le vrai bruncheur bouffe grave, grave et bien) et n'a pas peur de retourner une grande multitude de fois faire sa petite sélection (le vrai bruncheur n'a pas honte, car il sait qu'il ne retournera pas avant 2-3 ans au même endroit)
Il y a, bien sûr, d'autres commandements, mais ils sont plus pointus.
Et désolée, en matière de brunches, il n'y a pas d'imposture possible.